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Nadia Saïdani

Étude exploratoire de la synthèse des galactolipides chez Plasmodium falciparum

Publié le 5 septembre 2008


Thèse soutenue le 05 septembre 2008 pour obtenir le grade de Docteur de l'Université Joseph Fourier de Grenoble I - Discipline : Biologie cellulaire

Résumé :
Les plastes sont des organites semi-autonomes qui dérivent d’un événement unique d’endosymbiose entre une cyanobactérie et une cellule eucaryote ancestrale. Le plaste le mieux caractérisé est le chloroplaste des cellules de plantes et d’algues vertes. À la différence des systèmes membranaires eucaryotes qui sont en général riches en phospholipides, les membranes des plastes végétaux se composent à plus de 70% de galactoglycérolipides (monogalactosyldiacylglycérol, MGDG ; digalactosyldiacylglycérol, DGDG). Leur synthèse est assurée par des galactosyltransférases, les MGDG synthases (EC 2.4.1.46) et les DGDG synthases (EC 2.4.1.241) localisées dans les membranes de l’enveloppe qui limitent l’organite. Chez les plantes, les galactolipides sont essentiels pour la biogenèse des plastes mais aussi à la synthèse ​de membranes extraplastidiales sous certaines conditions physiologiques telles qu’en carence de phosphate.
La plupart des parasites Apicomplexes (protozoaires parasites à mode de vie intracellulaire) possèdent une structure plastidiale, non photosynthétique, contenant un ADN circulaire. Cet organite, baptisé apicoplaste, a pour origine phylogénétique une endosymbiose secondaire entre deux eucaryotes, avec ingestion d’une algue rouge unicellulaire par un protozoaire ancestral, suivie d’une disparition de la plupart des structures subcellulaires de l’algue. Des protéines codées par des gènes nucléaires sont importées dans l’apicoplaste et impliquées dans des voies métaboliques typiques des plantes telles que la biosynthèse d’acides gras par le système FASII.
Des lipides aux propriétés chromatographiques proches de celles du MGDG et du DGDG ont pu être détectés dans des extraits de Plasmodium falciparum et Toxoplasma gondii, suggérant l’existence d’une voie de biosynthèse des galactolipides comparable à celle existant dans le chlor​oplaste. Au moyen d’une série d’anticorps dirigés contre le DGDG, un premier objectif de ce travail de thèse a été de caractériser la localisation d’un épitope de structure proche du digalactolipide chloroplastique (DGLE pour digalactolipid-like epitope) chez P. falciparum et déterminer l’évolution de la distribution subcellulaire de cet épitope au cours du cycle cellulaire du parasite. Ces études suggèrent qu’un lipide de structure proche du DGDG est associé à des systèmes membranaires en périphérie de la cellule, en particulier le complexe membranaire interne.
Des parasites transgéniques exprimant une MGDG synthase exogène de plante ont été générés. L’accumulation remarquable à la fois de MGDG et de DGDG chez ces transformants démontre d’une part que l’enzyme de plante est fonctionnelle, catalysant la synthèse de MGDG, et d’autre part qu’une glycosyltransférase de P. falciparum est capable ensuite de catalyser de grandes quantités de DGDG. Le rôle possible de cette glycosyltransférase dans la synthèse du DGDG reste à établir.
Un second objectif de cette thèse était d’évaluer le potentiel dans P. falciparum de composés inhibant la synthèse des galactolipides de plante dans une visée thérapeutique. Un criblage à haut débit robotisé d’une banque de 24 000 molécules nous a permis d’identifier des inhibiteurs de la MGDG synthase 1 d’Arabidopsis thaliana, parmi lesquels deux composés présentent un effet inhibiteur mesuré par une CI50 de l’ordre 10 µM sur l’activité MGDG synthase. Nous avons pu caractériser l’effet de ces molécules comme compétiteurs de la fixation du diacylglycérol. Une activité inhibitrice de la prolifération de P. falciparum a pu être mesurée in vitro bien qu’aucune enzyme homologue à la MGDG synthase n’ait pu être identifiée in silico sur les banques de données relatives aux Apicomplexes. Une diversification de la structure du châssis moléculaire a été conduite afin d’améliorer 1) l’effet herbicide et 2) l’inhibition de la croissance des parasites et de développer ainsi de nouvelles molécules antipaludiques, qui puissent être qualifiées de médicaments herbicides. L’étude de 250 analogues a permis de progresser de façon substantielle dans le sens d’une meilleure sélectivité avec des composés actifs à 200 nM.
Il n’est pas exclu que les molécules sélectionnées pour leur capacité à inhiber une activité MGDG synthase exercent, chez P. falciparum, un effet sur une autre cible. Nous avons conduit une expérience visant à isoler la(les) protéine(s) cible(s) des molécules bioactives par chromatographie d’affinité, puis identifié ces protéines après digestion trypsique par spectrométrie de masse. Une perspective de ce travail consiste à caractériser certaines de ces cibles candidates.
Le développement de candidats-médicaments est un processus long selon le schéma classique, depuis la validation d’une cible jusqu’aux essais cliniques. La nouvelle classe de compétiteurs du diacylglycérol caractérisée dans ce travail de thèse présente des propriétés intéressantes dans une visée thérapeutique, qu’il sera important d’optimiser dans l’avenir.


Jury :
Présidente : Marie-France Cesbron-Delauw
Rapporteur : Sébastien Mongrand
Rapporteur : Ralph Schwarz
Examinateur : Jean-François Dubremetz
Examinateur : Éric Maréchal
Examinateur : Henri Vial
Directeur de thèse : Éric Maréchal

Mots-clés :
Plasmodium, MGDG synthase, galactolipides, apicoplaste, antipaludique, DGLE

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